C’est un premier aperçu sommaire de cet aspect fondamental et en même temps extrêmement riche du travail de Günther Förg

Avant sa mort le 5.12.2013, Günther Förg n’avait cessé de travailler intensivement toute l’année à un inventaire de ses peintures murales, sans pouvoir cependant l’achever. Elles occupent une place centrale dans l’ensemble de sa création artistique. Elles lui ont ouvert de multiples possibilités de présentation, ont été as­sociées à des travaux photographiques et picturaux et ont toujours été pensées comme éclaircissement de l’espace, donnant un rythme à sa structure interne. Günther Förg n’était ce faisant pas en reste face à ses prédécesseurs historiques, qu’il s’agisse de Malewitsch, Rothko ou Palermo, dans son appropriation légère, il leur était peut-être même parfois supérieur. Quoi qu’il en soit, nombre de ses collègues artistes du même âge regardent aujourd’hui avec envie quand et comment il a su exploiter à la perfection des pièces individuelles ou des enfilades entières de pièces. En 1986, Max Wechsler avait écrit dans le journal « Vaterland » à l’occasion de l’exposition de Günther Förg à la Kunsthalle de Berne que « l’agencement de l’espace et la présentation de l’image s’interpénètrent tout naturellement. Les pièces respirent d’abord une élégance froide, pour ainsi dire design, qui donne son expression à l’architecture unique de la Kunsthalle, au-delà de toute signi­fication, et invite à une sorte de flânerie. Peu à peu cependant, le calcul de la mise en scène commence à faire de l’effet et la présence exacerbée des espaces commence à rayonner, à ouvrir d’autres espaces : ­aperçus et perspectives, intérieurs et extérieurs. Des structures gagnent en effica­cité, des ambiances sont conjurées et des sentiments éveillés ; un système ­complexe de ­relations s’ouvre qui à la fois forcent et maintiennent la cohésion de l’ensemble. »
Ce volume reprend les cahiers de brouillons de l’artiste en fac-similés. L’inventaire des œuvres est à réserver à un travail scientifique ultérieur plus soigneux. Ce que la publication voudrait cependant apporter, c’est un ­premier aperçu sommaire de cet aspect fondamental et en même temps extrêmement riche du travail de Günther Förg. Pour cela, les fiches corrigées de sa main sont reproduites avec soin et quelques feuilles sont complétées par des échantillons de couleurs ­pratiquement identiques.
 

Exposition :
Deichtorhallen Hambourg, 31/7–25/10/2015