Klaus-Martin Treder : YES–WHAT

Texte (all./ang.) de Hans-Jürgen Hafner
280 p avec 160 illustrations en couleur
format 28 x 21 cm, broché avec jaquette

ISBN 978-3-86442-268-3

48,00 €

Tableaux – objets – affiches

Klaus-Martin Treder (*1961) a nommé une série de ses toiles à l’acrylique « Perte d’orientation et esthétique ». Son œuvre est par ailleurs structurée en trois formats clairement différenciables, de sorte que la perte d’orientation peut ici être vue plus comme le motif des travaux et moins comme la base opérationnelle de leur création. En premier viennent les peintures et travaux sur papier regroupés en séries et groupes d’œuvres sous le nom de « tableaux », puis les « objets », et les « affiches ». L’ensemble abonde en références techniques et discursives à l’artiste lui-même ou à d’autres. En associant librement les différentes étapes de production, il réunit dans ses montages des pellicules de couleur, de fines cascades de gouttes ou des guirlandes maladroites de fonds colorés appliqués en taches ou déversés sur la toile. Certains éléments en équilibre instable s’écartent de la surface, dépassent ou pendent librement du bord et sont alors doucement agités au moindre courant d’air ou menacent de tomber malgré toutes les précautions prises pour les manipuler. Cela souligne, d’une part, la nature d’objet forcément associée aux tableaux et pose en même temps la question de l’espace dans lequel un tableau se présente en tant que tableau et peut être perçu comme tel. La problématique de l’effet et de la signification des tableaux est également renforcée par les éléments appliqués à la surface de la toile – arsenal bigarré d’objets familiers du quotidien : bonbons et sucreries, rouge à lèvres et shampooing, grains de café et cravates, aérosol anti-asthme et tubes de peinture, jusqu’à des cheveux et des poils. La couleur turbulente et débridée saute aussi aux yeux, ni expressive, ni formaliste. Dans cette matérialisation conceptuelle de la peinture qui sort du tube – pour ainsi dire « ready made » -, la peinture est ici réinterprétée dans sa nature ontologique en tant qu’institution artistique. Dans sa conception, le livre reprend un concept de l’artiste selon lequel deux feuilles d’impression sont suivies de quatre pages d’une autre couleur, mais non imprimées, comme une « pause » contemplative. Il transmet ainsi le plaisir par excellence que transmet l’art du livre, celui d’avoir entre les mains quelque chose à feuilleter, à déplacer et à interrompre.